©️Togo 24 – (Kpalimé, le 26 octobre 2025) – À quelques jours de la fin du mandat du conseil municipal sortant de la commune de Kloto 1, la ville de Kpalimé (environ 120 km au Nord de Lomé) est secouée par une vive polémique. Des acteurs du développement local, de la société civile ainsi que certains médias et la population sont montés au créneau pour dénoncer le bilan du maire sortant, Yawo Winny DOGBATSE, qualifié de « chaotique, superficiel et controversé ».
La controverse fait suite à la présentation du bilan général de gestion 2019-2025 par le maire lors de la première session extraordinaire du conseil municipal de Kloto 1 de l’année 2025 tenue le 20 juin dernier.
Un bilan chiffré, mais jugé « vide de substance »
Le maire DOGBATSE a défendu un bilan positif, fruit de « l’effort conjugué de l’équipe municipale ». Il a notamment mis en avant la mobilisation et l’injection de plus de 2 milliards de FCFA dans des secteurs sociaux prioritaires (éducation, santé, environnement) sur la période.
Parmi les réalisations chiffrées :
Le budget annuel de la commune qui serait passé de 313 millions FCFA en 2021 à près de 690 millions FCFA en 2024, signe d’une « hausse progressive des ressources et de la capacité d’investissement ».
Plus de 225 millions FCFA investis dans l’eau potable et 100 millions FCFA dans la santé. 133 millions FCFA injectés dans la construction et la réhabilitation de marchés locaux. 52 millions FCFA consacrés à l’assainissement et à la gestion des déchets.
« Je suis d’autant plus à l’aise d’avoir accompli une mission, et je m’en vais la tête haute », avait déclaré le 20 juin dernier, Yawo Winny DOGBATSE.
Il se félicite de ce que le mandat 2019-2025 du conseil municipal de Kloto 1 ait été marqué par des défis significatifs et que, malgré des zones d’ombre et des défis persistants, le conseil municipal a posé les bases d’un développement plus inclusif et durable.
Malgré ces chiffres, les critiques fusent. Des acteurs locaux estiment que la présentation n’est qu’un « habillage » et un « discours subjectif et vide de substance ».
Bien que le bilan présenté par le maire ait reçu l’approbation de Christian Enyonam Folly-Kossi (Fiator), il suscite des réserves importantes de la part de plusieurs acteurs, incluant certains conseillers municipaux, des responsables de la société civile et des citoyens. Ces derniers ont exprimé à Togo 24 leur conviction que l’évaluation des six années de gestion de la commune manque de transparence dans tous ses aspects.
En effet, la commune de Kloto 1 a été durant ces six ans en proie à une profonde crise qui a mis à mal le quotidien de ses habitants. Les problèmes de transparence, de communication, de mauvaise gestion et de mauvaise gouvernance sont pointés du doigt par les élus locaux, les organisations de la société civile et les citoyens eux-mêmes.
Pour certains responsables d’organisations de la société civile et d’associations, les responsabilités de cette mauvaise gestion sont partagées. Selon eux, le conseil municipal et l’exécutif sont responsables de cette mauvaise gestion.
« Au lieu de nous présenter les agrégats financiers de la commune pour savoir si le bilan durant les six ans de gestion est excédentaire ou déficitaire, il n’a fait que présenter les réalisations faites dans les domaines de la santé, de l’environnement, du social, de l’économie : des présentations à prendre aussi avec des pincettes », a déclaré un acteur du développement.
La diplomatie locale en question
Le maire DOGBATSE a également mis en avant une « diplomatie active » se traduisant par de nombreux accords de coopération décentralisée et de jumelage avec des villes en France (Bressuire, Mamoudzou, Vesoul, Luxeuil), au Maroc (Ouarzazate), en Éthiopie (Dire Dawa), au Pérou (Lurin) et en Roumanie (Cluj-Napoca).
Selon ses propos, la mise en œuvre de ces coopérations décentralisées ont permis d’améliorer les conditions de vie des populations de la commune.
Toutefois, selon des observateurs et analystes, « tous ces partenariats n’ont pratiquement rien donné et n’ont aucun impact positif sur la population« . Le fossé semble se creuser entre la signature des accords et leur mise en œuvre effective.
Manque de transparence et reddition des comptes
L’opacité et le déficit de transparence dans la gestion administrative, financière et économique sont les reproches les plus sévères adressés au maire. Interpellé par des conseillers municipaux lors de la deuxième session ordinaire de 2024, le maire Yawo Winny DOGBATSE a martelé qu’il « n’a de compte à rendre à personne sauf à la Cour des comptes ».
Cette position, perçue comme un déni de redevabilité envers le conseil et la population, a cristallisé les critiques sur la mauvaise gouvernance supposée.
Les acteurs locaux exhortent désormais le nouveau conseil municipal, qui prendra officiellement fonction prochainement, à « demander des comptes au conseil municipal sortant dans tous les domaines » pour faire la lumière sur la gestion 2019-2025.
La pression est forte sur les futurs élus pour garantir une gestion plus transparente à Kloto 1.
La rédaction
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