
©️Togo 24 – (Kpalimé, le 23 mars 2025) – Depuis près de six ans, un conflit territorial persistant oppose les communes de Kloto 1 et Kloto 3, semant la discorde et entravant le développement local. Face à l’impasse, les acteurs locaux de la commune de Kloto 3 lancent un appel pressant au Premier ministre, Madame Victoire Tomégah-Dogbé, afin qu’elle use de ses prérogatives pour trouver une solution durable à cette crise.
Origines du conflit
Selon la répartition administrative des ressorts territoriaux des communes du Togo, la commune de Kloto 3 comprend trois cantons : le Canton d’Agomé, le Canton de Tomegbe et le Canton de Kuma. Et le Caton d’Agomé comprend trois villages à savoir : Yoh, Kusuntu et Kpodzi.
Lors des scrutins municipaux de juin 2019 et législatifs de décembre 2019, les Centres de Recensement et de Vote (CRV) et les bureaux de vote établis à Kusuntu et Agomé Kpodzi étaient administrativement rattachés à la commune de Kloto 3. Les électeurs résidant dans ces deux localités ont exercé leur droit de vote au sein de ces structures, confirmant leur inscription sur les listes électorales de Kloto 3.
1- les causes directes
Le conflit a éclaté suite à l’annexion des villages d’Agomé Kpodzi et de Kusuntu par la commune de Kloto 1, une décision prise par le maire Yawo Winny DOGBATSE, après les élections municipales du 30 juin 2019. Cette annexion a engendré des tensions croissantes entre les deux communes, avec des répercussions économiques et politiques significatives.
2 – Les causes indirectes
Bien que l’annexion des villages d’Agomé Kpodzi et de Kusuntu par la commune de Kloto 1 ait été l’élément déclencheur du conflit, il est crucial de souligner que les origines de cette crise territoriale remontent à des problèmes de délimitation des frontières entre les deux communes. En effet, des incertitudes et des divergences persistent quant à la démarcation exacte des territoires respectifs de Kloto 1 et Kloto 3. Cette ambiguïté a permis à la commune de Kloto 1 de revendiquer les villages litigieux, alimentant ainsi les tensions et les revendications de la commune de Kloto 3. La complexité de cette situation souligne la nécessité d’une intervention gouvernementale pour clarifier les frontières et établir une solution équitable et durable.
Par ailleurs, il convient de souligner que ce conflit territorial trouve également son origine dans des actions passées qui ont ravivé les tensions. Le conseil municipal de la commune de Kloto 3, , sous la direction du regretté maire AMUAKU, avait entrepris d’implanter des plaques de délimitation des frontières, conformément aux directives établies par le gouvernement togolais.
Ces plaques, positionnées stratégiquement sur la rue séparant la CEET et le Lycée de Kpodzi, ainsi que celle qui sépare l’école primaire de Kusuntu et l’hôtel Geyser, visaient à clarifier les limites territoriales entre les deux communes. Cependant, ces initiatives ont été contrariées par des individus qui ont délibérément enlevé ces plaques, exacerbant ainsi le conflit et semant davantage la confusion. Ces plaques arrachées sont déposées dans les locaux de la préfecture de Kloto.
Cet acte a non seulement remis en question les efforts de délimitation, mais a également alimenté un climat de méfiance et de frustration parmi les populations concernées.
Les conséquences de ce conflit
Les conséquences de ce conflit territorial sont multiples :
Injustices sociales : Les habitants des villages annexés se sentent lésés et marginalisés, privés de leurs droits fondamentaux.
Instabilité politique : Le climat de méfiance et d’hostilité menace la stabilité de la préfecture de Kloto.
Ralentissement du développement : Les investissements sont découragés par le conflit territorial et les incertitudes qu’il génère.
Déséquilibre financier : Les ristournes que bénéficie la commune de Kloto 1 auprès de l’Office Togolais des Recettes (OTR) sont supérieures à celles perçues par Kloto 3, créant un déséquilibre économique.
Tentatives de médiation infructueuses
Malgré les efforts de médiation menés par le préfet de Kloto, Bertin Koku ASSAN au début de ce conflit, aucune solution durable n’a été trouvée à ce jour. Le préfet avait pourtant clarifié la situation lors d’une réunion tripartite tenue depuis quelques années, quand le Maire AMUAKU était encore vivant, en indiquant que les villages litigieux relevaient de la commune de Kloto 3, mais cette clarification n’a pas été suivie d’effet.
Afin de trouver une résolution à ce conflit territorial persistant, les autorités communales de Kloto 3, sous la direction du regretté maire AMUAKU, ont entrepris des démarches officielles en saisissant le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Cette action témoigne de la volonté de la commune de Kloto 3 de rechercher une solution institutionnelle et légale à ce différend. Parallèlement, le préfet de Kloto a également joué un rôle actif en transmettant un rapport détaillé sur la situation au même ministère. Ces deux initiatives conjointes soulignent l’importance accordée à ce dossier par les autorités locales et leur engagement à trouver une issue conforme aux lois et règlements en vigueur.
Les réactions et points de vue des deux communes
La période suivant le décès du maire AMUAKU a été marquée par une transition délicate, avec Monsieur AGBETI Kodjo Akoro Bitchanti, assurant l’intérim à la tête de la commune de Kloto 3. Cette période de transition a été mise à profit par le maire de Kloto 1, Yawo Winny DOGBATSE, qui a adressé une correspondance officielle à la mairie de Kloto 3, réaffirmant la revendication de son administration sur les villages d’Agomé Kpodzi et de Kusuntu. Cette démarche a ravivé les tensions et souligné la persistance du différend territorial, malgré les efforts de médiation antérieurs. L’élection du nouveau Maire de Kloto 3, Doh Agbéko Komlan à la suite de cette période intérimaire a ouvert un nouveau chapitre dans la gestion de ce conflit.
Parallèlement, des informations parvenues à Togo 24 font état de la rédaction d’un mémorandum par les habitants de Kusuntu, dans lequel ils exprimeraient leur souhait d’appartenir à la commune de Kloto 1. Cette déclaration, si elle est confirmée, témoigne de la complexité des sentiments locaux et de la division potentielle au sein des populations concernées. Elle souligne également la nécessité d’une approche nuancée et d’une consultation approfondie des habitants pour parvenir à une solution équitable et durable.
Face à ces développements, des sources proches de la commune de Kloto 3, contactées par Togo 24, ont réaffirmé leur position, insistant sur le respect des limites territoriales officielles établies par les autorités nationales. Elles privilégient une approche diplomatique et une résolution pacifique du conflit, soulignant l’importance du dialogue et de la négociation pour parvenir à un accord mutuellement acceptable. Cette position témoigne de leur volonté de préserver la stabilité locale et de favoriser un climat de coopération entre les deux communes.
L’action du ministère de l’administration territoriale et de la Décentralisation
Attendu à Kpalimé depuis environ 3 ans pour la résolution de cette crise, le directeur de la décentralisation s’est finalement rendu sur place tout récemment, pour échanger avec les acteurs du conflit, mais la complexité de la délimitation des frontières entre les communes a rendu la résolution difficile.
Appel à l’intervention du gouvernement
Face à l’impasse, les acteurs locaux de Kloto 3 exhortent le Premier ministre à intervenir directement. Ils soulignent l’urgence de trouver une issue pacifique et équitable pour préserver la stabilité et favoriser le développement socio-économique de la région.
Les attentes de la population de Kloto 3
Les populations de Kloto 3, soutenues par la société civile, formulent les attentes suivantes :
Une médiation rapide et efficace pour trouver une solution durable.
Le respect du droit et de la justice en matière foncière et territoriale.
La protection des populations touchées par le conflit.
Un développement équilibré de toutes les communes de la préfecture.
Les investigations de Togo 24 : les perceptions locales et les limites administratives
Togo 24 suit de près l’évolution de ce dossier sensible depuis bientôt 5 ans et demi, conscient de son impact sur la stabilité locale. Il est important de souligner que, du vivant du maire AMUAKU, la situation était particulièrement tendue. Les populations d’Agomé Kpodzi et de Kusuntu, se sentant lésées par l’annexion de leurs villages par la commune de Kloto 1, avaient même envisagé de descendre dans la rue pour exprimer leur mécontentement. Cependant, grâce à la diplomatie et à une stratégie d’apaisement mise en œuvre par le maire AMUAKU, ces manifestations ont été évitées. Son approche, axée sur le dialogue et la recherche de solutions pacifiques, a permis de maintenir un certain calme et d’éviter une escalade du conflit. Cette période met en évidence la complexité de la situation et l’importance d’une médiation efficace pour résoudre ce différend territorial.
À la suite des investigations menées par Togo 24, plusieurs acteurs locaux, notamment des chefs traditionnels et des sages, ont apporté des éclaircissements cruciaux sur les limites territoriales contestées. Selon leurs témoignages, le village d’Agomé Kpodzi s’étendrait jusqu’à la rue séparant Radio VGK et la LONATO, tandis que Kusuntu inclurait des zones allant jusqu’au commissariat de police de la ville. Sur la base de ces informations, des infrastructures importantes telles que la Maison des Jeunes, le Grand marché de Kpalimé, le Centre Hospitalier Préfectoral (CHP), le cimetière et le Tribunal d’instance à compétence correctionnelle et civile seraient situées sur le territoire relevant de la commune de Kloto 3.
Ces déclarations mettent en évidence la complexité de la situation et soulignent l’écart significatif entre les perceptions locales et les limites administratives actuelles, ajoutant une dimension supplémentaire à la nécessité d’une intervention gouvernementale pour clarifier et résoudre ce différend territorial.
Un élément déterminant, confirmé par des cadres natifs d’Agomé Kpodzi auprès de Togo 24, réside dans l’historique de la construction du Grand marché de Kpalimé, communément appelé Marché Château. À l’époque de la délégation spéciale de la commune de Kpalimé, ces cadres ont cédé des parcelles de terrain à la commune pour la réalisation de ce projet d’envergure. En contrepartie, les autorités communales de Kpalimé ont procédé à une rétrocession de terrains en faveur des populations d’Agomé Kpodzi. Cette transaction, qui témoigne d’une reconnaissance de l’appartenance de Kpodzi à la sphère d’influence d’Agomé, et donc de Kloto 3, constitue un argument de poids pour justifier les revendications actuelles. Elle met en lumière une reconnaissance passée des autorités communales de Kpalimé de l’appartenance de ces terres, renforçant ainsi la thèse selon laquelle Kpodzi relève légitimement de la commune de Kloto 3.
Il faut rappeler aussi que, si le chef canton de Yoh, Togbui TSALY X, était encore vivant, ce problème ne se poserait pas.
Perspectives
L’issue de ce conflit sera déterminante pour l’avenir des deux communes et pour la cohésion sociale de la préfecture de Kloto. Les populations espèrent que le gouvernement saura faire preuve de fermeté et de détermination pour rétablir la paix sociale et favoriser un développement harmonieux, avant la tenue des prochaines élections municipales qui se profilent à l’horizon.
@Credit Photo
Mensah ASSOGBAGUE
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